Bon, vous aurez tous compris que cette note (que j’espère brève) s’intéresse au débat qui a eu lieu lundi matin entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Ce débat marque une nouvelle étape pour nous, il est clair que nous ne jouons plus dans le bassin des petits. Depuis lundi, le co-président du PG a réussi à mettre en circulation les arguments qui font mouche contre le Front National !

Revenons déjà sur la préparation de ce débat. Et d’abord, le sempiternel « fallait-il accepter ? ». Mais bien sûr que oui mes amis. Qui peut aujourd’hui affirmer que la diabolisation du FN a rempli ses objectifs ? Personne ! C’est donc sur le terrain du débat argumenté que l’on doit affronter Marine Le Pen. Pourquoi ? Justement parce qu’elle ne peut pas prendre la main sur ce terrain au vu de toutes les contradictions de son discours. Finissons-en avec la position petite-bourgeoise qui consiste à dire qu’en débattant avec le FN, on légitime son existence. Lorsqu’il en était encore temps, c’est-à-dire quand ce mouvement ne captait pas autant de suffrages, et que son discours était frontalement anti-républicain, il fallait interdire le FN. Qui d’autre que Jean-Luc Mélenchon, dans les dirigeants des grandes formations politiques, a tenu cette ligne ? Personne, alors s’il vous plaît, ne nous donnez pas de leçons. Si aujourd’hui le FN est si important, c’est parce certains n’ont pas eu le courage de l’interdire clairement lorsqu’il en était encore temps. « Oh mais ça les aurait victimisés ». Pas à l’époque, ils n’existaient que très peu. Et d’ailleurs, pourquoi la France est un des rares pays de l’Europe Occidentale à avoir échappé à la prise de pouvoir par un mouvement fasciste dans les années 30 ? Uniquement parce que le Front Populaire avait dissout les ligues fascistes. Alors maintenant, le mot d’ordre d’interdiction du FN n’est plus à l’ordre du jour. Quelles autres solutions nous restent-ils ? Deux, tout simplement. Poursuivre sa diabolisation, stratégie dont l’échec est aujourd’hui patent et qui cache mal la peur de ceux qui la défendent de débattre avec Le Pen. C’est donc le débat argumenté qu’il faut utiliser. Démonter une par une toutes ses déclarations à l’emporte pièce, son instrumentalisation de la laïcité dans le but de stigmatiser les musulmans, son discours contre les étrangers qui pénaliseraient les travailleurs français etc… etc…

Le débat AR-GU-MEN-TE ! C’est donc ce que nous avons fait lundi. Je dis nous, car la préparation de ce débat a bel et bien été une œuvre collective comme le rappelle Alexis Corbière ICI. Depuis des semaines, nous préparons tous des fiches pour Jean-Luc sur ce qu’a dit, écrit ou fait le Front National. Et le résultat a été au rendez-vous ! Nous avons rempli nos objectifs. Commençons par là, car pour savoir si on a réussi un débat, il faut en définir les objectifs. Je le dis tout de suite l’objectif de ce débat n’était pas de convaincre les électeurs du Front National, en particulier la frange populaire de son électorat, de voter pour le Front de Gauche. Non pas que ce ne soit pas un de nos objectifs à moyen terme. Mais ce débat ne s’y prêtait pas. D’abord en raison de son « contexte ». Qui regarde un lundi à 8h30 sur BFM TV un débat politique ? Certainement pas les gens qui se tuent au travail. Ces gens là n’auront d’ailleurs pas le temps de revoir le débat sur internet, ou d’en lire les compte-rendu dans le journal de révérence bobo Le Monde. Donc malgré la forte médiatisation de ce débat, on ne pouvait pas toucher les électeurs populaires du Front National. Ensuite, jamais nous n’avons cru que c’était avec un débat que l’on changerait la vision du monde de racistes ou de gens désemparés qui regardent trop TF1 et pour qui la sécurité est la priorité numéro 1. Eh oui camarades, cette situation résulte de 30 ans de néolibéralisme assaisonné à la sauce sécuritaire, 30 ans qui ont formaté les esprits, imposé aux consciences l’individualisme parce qu’avant de penser à son voisin, il faut déjà trouver le moyen de survivre personnellement. On ne peut pas dire d’un côté que la vague néolibérale, la Grande Régression pour reprendre les mots de Jacques Généreux, a précarisé l’immense majorité sans analyser de l’autre côté les dégâts que cela a provoqué dans les consciences individuelles. Et on ne peut pas rattraper 30 ans avec un seul débat. Bien sûr ça y participe, mais je pense vraiment que c’est moins notre intervention dans les médias, que notre implantation territoriale et notre travail d’éducation populaire dans les quartiers populaires qui permettront d’inverser la tendance.

Donc dans ces conditions, quels étaient nos objectifs dans cette première confrontation avec Le Pen ? Et au regard de ces objectifs, ont-il été remplis ?

Premièrement, il fallait bien montrer que le Front de Gauche et le Front National, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, ce n’est pas la même chose. Depuis des semaines, les éditorialistes de tout poil, les caricaturistes du genre de Plantu qui reçoivent 10 000 euros du Quatar (un des pires régimes autoritaires) nous jouent la petite musique des populistes qui reprennent les mêmes ficelles. Il était important pour nous d’en finir avec cette question. Et là, force est de constater que la démonstration a été éclatante ! Nous ne sommes d’accord sur rien. Cela va donc être plus difficile pour toute la médiacratie et certains responsables politiques à la Huchon ou Cohn Bendit, de faire le parallèle.

Deuxièmement, et c’était là l’objectif central, il fallait incarner la gauche. Oui, incarner la gauche ! Redonner espoir aux gens, leur montrer qu’entre une gauche résignée à accompagner le capitalisme (le PS) et cette petite gauche qui n’a aucune ambition de changer la vie des gens (le NPA suite à son congrès qui refuse l’unité de l’Autre Gauche), il existe un endroit où on est fier d’être de gauche. On est fier d’assumer nos positions, et particulièrement la régularisation de TOUS les sans-papiers ! Alors que tous tortillent devant Le Pen lorsqu’il s’agit de parler d’immigration, nous avons clairement assumé cette revendication. Vous allez me dire que je fais de l’emphase, mais je pense véritablement que suite à ce débat, la gauche politique a refait surface. La plupart des commentaires vont dans ce sens, et même de journalistes (en privé hein, faut pas exagérer) qui nous disent que Jean-Luc a abattu une icône médiatique. Il s’agit bien de cela, je le répète, pour la première fois, quelqu’un vient de mettre en circulation des arguments contre le discours de Le Pen. A vous tous camarades, à vous journalistes, TOUS, utilisez ces arguments maintenant au lieu de vous défiler face au FN. Pour le plaisir, je vous recopie un message de mon ami Rudy Pierron qui démontre parfaitement notre sentiment après ce débat: « Une amie non politisée et plutôt du genre à voter parce qu’il le faut socialiste a bû un coup hier dans un bar avec celui qui lui a fait passé le permis. Il y a la télé dans le bar. c’est un bar algérien. Elle m’a raconté que l’ambiance était plutôt bonneit plutôt bonne, tout le monde parle fort avec son voisin. Quand tout à coup, il y a des extraits du débat Méluch Le Pen tout le monde a arrêté de parler. silence dans le bar. Les extraits s’arrêtent. Et les gens commentent tous ce qu’ils viennent de voir. l’extrait était sur la laïcité… Ce qui est dit d’un ton joyeux, c’est que melenchon a explosé Marine Le Pen et que ce qu' »il avait dit c’était bien. cela a beaucoup touché mon amie. Et elle a eu le sentiment de vivre une scène collective où la gauche vient de marquer des points, tout le monde parle fort avec son voisin. Quand tout à coup, il y a des extraits du débat Méluch Le Pen tout le monde a arrêté de parler. Silence dans le bar. Les extraits s’arrêtent. Et les gens commentent tous ce qu’ils viennent de voir , l’extrait était sur la laïcité… Ce qui est dit d’un ton joyeux, c’est que Mélenchon a explosé Marine Le Pen et que ce qu’il avait dit c’était bien. Cela a beaucoup touché mon amie. Et elle a eu le sentiment de vivre une scène collective où la gauche vient de marquer des points ». Bref, tout est dit !

Alors bien sûr, rien n’est parfait, il y a encore des petites choses à rôder mais les objectifs sont remplis. La preuve de cela ? Il y en a deux. D’abord la mine déconfite de Marine Le Pen et de son équipe au sortir du débat. Ensuite, le compte-rendu médiatique de ce débat : ce serait un point partout, « balle au centre » etc…. Pourquoi ces commentaires sont positifs ? Simplement parce qu’on avait prévu qu’en cas de victoire de Jean-Luc, les médias ne nous dérouleraient pas le tapis rouge. N’oubliez pas deux choses : premièrement, Le Pen est le diable de confort du système ; deuxièmement, les médias ne pensent qu’à travers les sondages et les parts de marché. Pour eux donc, Le Pen c’est 18 % de parts de marché, qui s’en priverait ? En tout cas pas eux. Mais à l’inverse, imaginez si Jean-Luc avait été battu. Vraiment, vous ne pensez pas qu’on aurait eu le droit à des dizaines et des dizaines d’articles nous enfonçant ? Allez, je vois bien que vous êtes d’accord avec moi. J’ai fait cette précision pour donner du courage aux camarades qui parfois, comme moi d’ailleurs, tombent dans le piège d’accepter la vision hégémonique des médias, et leur discours. Mais ne prêtons pas trop de pouvoir à la médiacratie, souvenez-vous du 29 Mai 2005.

Pour finir, un petit mot pour mes camarades de Jeudi Noir.

Avec mes camarades Corinne Morel Darleux et Romain Biessy du PG sur le toit du squatt de Jeudi Noir, juste devant l'Elysée.

Depuis fin Décembre, le collectif qui lutte contre le mal logement occupe un bâtiment vide depuis des années appartenant au grand groupe AXA. J’y suis déjà allé à plusieurs reprises, pour leur apporter tout mon soutien et celui du Réseau Jeunes du Parti de Gauche. Mais mardi matin, le tribunal a ordonné l’expulsion. Celle-ci peut avoir lieu à tout moment, entre 6h et 21h. Les flics ne les ont pas encore mis à la porte. Mais dès 6h ce matin ils peuvent être là, quand il y a peu de militants, et surtout pas de médias. C’est pourquoi je passe une nuit blanche aujourd’hui, je devais finir un dossier pour la fac (et ouais dur dur d’être étudiant salarié même quand son boulot est très loin d’être précaire), et j’ai décidé de me rendre au squatt pour 6h. Alors, hop, allons organiser le siège au 22 avenue Matignon !

Quel week-end ! En deux jours, le Réseau Jeunes du Parti de Gauche, dont je suis responsable, a organisé un forum intitulé Vent debout (la jeunesse contre la précarité), une rencontre nationale et une action d’agit prop’. Ouf ! Après quelques heures de sommeil pour recharger les batteries, je profite de ces quelques instants de pause pour faire un premier bilan de ces deux journées.

Oui les batteries ont été utilisées à plein depuis un mois, lorsque l’on a décidé d’organiser tous ces évènements. C’est pourquoi je prie mes lecteurs de m’excuser pour l’absence de billet sur ce blog pendant plusieurs semaines. Mais je n’ai pas eu un instant à moi, pour me poser devant un ordinateur et écrire quelques lignes pour mon blog. C’est une erreur, je le sais. Il est important de diffuser partout ce que l’on fait, de montrer à ceux qui se gargarisent en affirmant « le PG se réduit à Mélenchon ! vous êtes trop personnalisés, blablabla », qu’ils se trompent, voire qu’ils mentent pour certains d’entre eux. Il est vrai que la personne de Jean-Luc occupe une place importante dans le dispositif du PG et du Front de Gauche, mais comment pourrait-il en être autrement ? La politique, ce n’est pas le champs des idées qui flottent et s’affrontent au-dessus des corps. Tout au contraire, la politique s’incarne dans des femmes et des hommes qui, au quotidien, se mettent en mouvement pour faire en sorte que leurs idées deviennent des forces matérielles. Et donc lorsque la meute attaque l’un d’entre nous, c’est nous tous qu’elle vise. C’est tout le Front de Gauche, l’ensemble de ses militants, qui se sentent méprisés lorsqu’un médiacrate comme Joffrin se permet par exemple d’écrire que « voter Mélenchon, ce sera bientôt voter Sarkozy ». Voilà pourquoi j’ai pris le temps de répondre à cet énergumène qui finalement est bien à la hauteur de ces prédécesseurs éditorialistes dans Libé. Ma tribune s’intitulait donc «  Le vrai défaut de DSK, ce n’est pas son silence, c’est la politique qu’il mène au FMI ! ». C’est la première fois que je me suis frotté à l’exercice, et je suis plutôt fier d’assumer de la sorte une partie du combat. Merci à l’Humanité de l’avoir publié. Voir son nom apparaître dans ce journal est un plaisir immense pour quelqu’un comme moi qui se réclame humblement de l’héritage de Jaurès. Et merci à Marianne2 de l’avoir édité en ligne. Près de 17000 lectures ! Vous pouvez donc retrouver cette tribune en cliquant ICI.

Le mélange des cultures militantes

Revenons-en à notre week-end. Il y a un mois, le Réseau Jeunes du Parti de Gauche a proposé au collectif contre la précarité l’Appel et la Pioche de co-organiser un forum sur la précarité de la jeunesse. Ce collectif, animé entre autres par Leila Chaibi, par ailleurs membre du CPN du NPA, a accepté immédiatement la proposition. Le défi était important : monter de toute pièce un forum en un mois, et faire se rencontrer des traditions d’engagement différentes. Car là était tout l’enjeu de notre proposition de co-élaboration. En effet, le développement de ce que l’on nomme aujourd’hui le précariat doit amener la gauche, les militants politiques, à en tirer les conséquences. D’abord, le précariat ne doit pas être considéré comme la marge du système social actuel. Avec le nouvel âge du capitalisme financiarisé qui impose des taux de profit à deux chiffres, il en est devenu le cœur. Le moteur de la dynamique sociale du présent ce n’est plus l’espoir d’une montée de tous vers la classe moyenne mais la peur de chacun de se voir absorber par le précariat. Ensuite, et c’est une conséquence du premier point, lorsqu’aujourd’hui la gauche s’adresse au peuple, nous devons avoir en tête que l’on ne s’adresse plus à une armée de personnes avec un statut. Sous les coups de boutoirs de la classe dirigeante, cette armée a été pressurisée à tel point que le CDI, particulièrement pour la jeunesse, ne représente plus qu’un lointain eldorado. D’où une évolution des moyens de lutter. Parallèlement à la poursuite des moyens d’action habituels (comme la grève, les manifestations de masse etc…) qui constituent toujours des moyens puissants de mobilisation, s’est développée une nouvelle forme d’engagement, plus festif, parfois décalé, mais tout aussi efficace pour sensibiliser la population à une cause. Je parle ici des actions d’agit prop’, dont les collectifs comme Jeudi Noir, Génération Précaire ou l’Appel et la Pioche sont devenus des fers de lance.

Vite, un Front de Gauche de la Jeunesse !

Il s’agissait donc de se faire rencontrer ces deux traditions qui souvent se regardent de loin, sans se confronter. Et cela, le Réseau Jeunes du Parti de Gauche n’aurait pu le faire sans L’Appel et la Pioche. Encore merci à tous ces camarades de valeur d’avoir accepté de relever le défi. Et je pense que le défi est réussi. Lors du Forum en tant que tel qui s’est tenu ce Samedi à partir de 15h, les camarades ont pu profiter de nombreux intervenants : UNEF, Génération Précaire, ASSO, un camarade en lutte à Pizza Hut, Sud Etudiant, Jeudi Noir et enfin Nikos pour nous parler des jeunes Grecs, et Rhania qui nous a fait un point formidable sur la Révolution en cours en Tunisie qui a commencé par la mise en mouvement de la jeunesse tunisienne extrêmement précarisée. Au final, ce sont 200 personnes qui ont assisté à nos débats. Et le bouquet final fut la table ronde politique où suite à mon intervention, tous les autres intervenants ont soutenu la proposition d’un Front de Gauche de la Jeunesse. Qu’il s’agisse de nos partenaires du PCF ou de la GU, représentés par Ian Brossat et Justine Revol, ou de nos amis unitaires du NPA comme Maël Goepfert ou de l’Appel et la Pioche avec Leïla Chaïbi, tous ont souhaité s’investir dans cette bataille. Offrir un débouché politique, une alternative politique à la jeunesse. Je demande à tous de se rendre compte de l’importance de cet évènement : le Front de Gauche, malgré toutes les imperfections dont nous sommes conscients, va permettre à notre peuple et à sa jeunesse de trouver une issue politique à la crise. Nous n’aurons plus seulement le choix entre le « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy ou l’encadrement militaire pour les jeunes délinquants de Royal. Le Front de Gauche va permettre au peuple tout entier de relever la tête et de le préparer aux combats contre la finance internationale qui nous attendent. La jeunesse doit prendre toute sa part à la lutte.

Un Réseau de combattants !

C’est pourquoi nous avons profité du Dimanche Matin pour organiser la deuxième Rencontre Nationale du Réseau Jeunes du Parti de Gauche. Quel plaisir de voir le chemin parcouru ! Lorsque l’on a décidé de créer ce Réseau Jeunes, nous étions trois autour de la table avec Jean-Luc, dont deux qui ne pouvaient s’y investir du fait de leur engagement syndical. La tâche m’est donc revenue de construire le Parti de Gauche dans les lycées, les facs, les foyers de jeunes travailleurs etc… La tâche était ardue, nous partions de zéro avec Audrey Galland qui chapeautait toute la dynamique pour le Secrétariat National. Un an et demi plus tard, le chemin parcouru est édifiant. Avec mon accolyte Romain Jammes, notamment responsable de notre journal Le Gavroche, nous avons réussi à ce que le Réseau Jeunes du PG dispose désormais de cercles jeunes dans pratiquement toutes les grandes villes de France. Nous nous sommes aiguisés collectivement à la lutte pendant le mouvement sur les retraites. Et je dois dire que nous avons gagné nos galons, nous sommes maintenant reconnus comme un acteur politique de l’engagement des jeunes. Certes, comparés à la première organisation de jeunesse de ce pays, je veux ici parler bien sûr des Jeunes Communistes dont l’importance est sans égale, notre poids est relatif. Mais nous disposons maintenant d’un véritable Réseau qui va pouvoir frapper partout au même moment. Nous avons donc décidé dimanche de notre campagne pour les mois à suivre : nous allons démontrer que la précarité du plus grand nombre est due à l’accaparement des richesses par une extrême minorité, et nous allons taper fortement sur ceux qui se goinfrent sur le dos des autres. Je vous en reparlerai plus tard sur ce blog. Mais pour l’instant, laissez moi vous faire partager mon émotion durant notre rencontre du Dimanche matin. Tout le travail assumé depuis un an et demi commence à produire ses fruits. Le PG dispose désormais de jeunes cadres partout sur le territoire, et je l’ai bien vu lorsque je n’ai pas eu besoin une seule fois d’être à la tribune. D’autres camarades prennent le relai. A ce propos, je vous annonce que le Réseau Jeunes a décidé d’appliquer à son tour la parité, et c’est pourquoi Maëlle Dubois est devenue co-responsable nationale du Réseau Jeunes avec moi. Sa valeur militante n’est plus à démontrer pour tous ceux qui, comme moi, militent en Ile-de-France.  Bravo à elle, et surtout merci d’avoir accepté d’assumer les lourdes tâches qui nous attendent prochainement.

De la théorie à la pratique !

Enfin, nous avions insisté auprès des camarades de l’Appel et la Pioche de nous faire profiter de leur expérience en terme d’Agit Prop’. Nous ne voulions pas seulement que nos camarades se forment par l’intermédiaire des intervenants du Samedi. Non l’objectif était bien plus important : se confronter directement à ce type d’action. Et je dois dire que les camarades du Réseau Jeunes ont tout de suite été enthousiastes pour notre action « Poulet du Dimanche ». Contre la précarité, qui s’exprime notamment avec le travail du Dimanche, nous nous sommes rendus dans le Conforama Pont-Neuf pour dénoncer cette situation. « Alors que les grandes enseignes se gavent dans le pot à confitures du travail du dimanche, les précaires se voient privés de poulets pour mieux se faire plumer. Inacceptable pour le collectif l’Appel et la Pioche et les Jeunes du Parti de Gauche! Ce n’est pas les salariés qu’il faut rôtir! » C’est pourquoi nous avions prévu de ramener une vingtaine de poulets rôtis que nous avons mangé sur place, avec les salariés privés de leur repas en famille. L’action s’est déroulée à merveille, grâce à l’expérience importante de nos camarades de l’Appel et la Pioche. Les camarades du Réseau étaient fiers d’avoir pu participer à cette expérience.

Bref, ce week-end fut une étape décisive pour le développement du Réseau Jeunes et du Parti de Gauche. Nous sommes désormais un Réseau de combattants sur qui le Front de Gauche va pouvoir s’appuyer pour les prochaines batailles qui nous attendent !

Une nouvelle séquence politique s’est ouverte ces dernières semaines. Il s’agit bien sûr d’une séquence qui va se poursuivre jusqu’aux élections présidentielles de 2012. Je préviens tout de suite mes lecteurs des mes postulats : les élections sont une véritable lutte qui permet de changer le rapport de forces. Il ne s’agit pas simplement d’une tribune pour exprimer ses idées, ni même d’une façon de se compter pour décrocher un maroquin ministériel en plus. Bien davantage, les élections, et a fortiori l’élection présidentielle, sont une possibilité pour construire politiquement l’alternative. Chaque citoyen en plus convaincu de mettre son bulletin de vote Front de Gauche dans l’urne est une force supplémentaire. Je ne dis pas que tout se résout dans la bataille électorale. Le mouvement social a toute sa légitimité et son importance quant à la transformation sociale et écologique vers laquelle on tend. La Gauche doit toujours marcher sur ses deux jambes : la lutte sociale et la lutte politico-électorale, chacune se nourrissant de l’autre. C’est cela la Révolution Citoyenne. Et la séquence qui s’est ouverte est à proprement parler une séquence politico-électorale. Je précise que les évènements peuvent en décider autrement, la crise peut aider à cela en créant des soubresauts inattendus. C’est ce que nous ont montré les Révolutions Démocratiques en Amérique Latine, qui ont toujours débuté par un événement imprévu comme la révolte contre l’augmentation du prix du ticket de transport collectif. Mais, par définition, ce qui est imprévu est imprévisible. Cela ne veut pas dire que ça ne va pas arriver, ni même qu’on ne doit pas s’y intéresser, cela veut juste dire qu’on ne peut le théoriser et en faire l’alpha et l’omega de son action militante. Venons-en à notre nouvelle séquence.

D ‘abord, pourquoi parler d’une nouvelle séquence ? A mon sens, trois éléments l’indiquent clairement :

Le premier élément est bien sûr la fin du mouvement social contre la réforme des retraites de Sarkozy, en tout cas dans les formes que nous avons connues en Automne (grèves et grandes manifestations). Nous en sortons tous épuisés mais ça valait le coup. Si nous n’avons pas gagné quant au retrait de la loi, nous avons gagné la bataille politique, celle qui consistait à convaincre la grande masse du peuple que cette loi était injuste socialement et inefficace économiquement. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance (on se rappelle des rapports manipulateurs du COR et de la mollesse d’une partie de l’opposition). Mais nous avons su conquérir l’hégémonie culturelle dans les esprits, c’est pourquoi cette question devra être au coeur des présidentielles. C’est pourquoi également le PS devra être plus à la hauteur de son rôle actuel (et temporaire) de principale force d’opposition. Mais ne vous inquiétez donc pas, si les barons socialistes restent sur leur position d’accompagnement, nous saurons le rappeler à l’esprit de chacun !

Le deuxième est le remaniement opéré par Nicolas Sarkozy : un véritable gouvernement de combat est mis en place. Alors vous me direz : « Mais c’est le même gouvernement ! Pas de quoi fouetter un chat ! ». Eh bien justement, le fait même que Sarkozy désigne la même équipe ( jusqu’au capitaine Fillon) après une mobilisation sociale d’une ampleur rarement vue, est un événement politique. Le message est donc clair de la part de notre Président : « j’irai jusqu’au bout ». C’est ce qu’il a dit en substance lors de son passage à la Télé. Et par « jusqu’au bout », il faut entendre « arracher les dernières traces de progrès social pour donner toujours plus aux plus riches ». C’est dans ce cadre que va être élaboré la prochaine réforme fiscale…Ainsi, dans la séquence qui vient, même si l’on doit s’attendre à quelques cadeaux en direction de certaines catégories de la société, Sarkozy poursuivra ses contre-réformes. Nous voilà tous prévenus !

Enfin, le troisième élément vous surprendra, je le sais bien. Et pourtant, c’est l’élément qui m’a poussé à écrire cette note. Car à mon sens, pour parler de nouvelle séquence, il manquait un ingrédient pour que la séquence 2010 s’ouvre : le PS en mouvement (quel que soit la nature du mouvement…). Attention, je ne réduis pas l’opposition au PS. Ce serait un bien mauvais procès à me faire… Mais pour l’instant, le PS reste la principale force d’opposition. C’est donc vers lui que des millions de gens ont le regard tourné. Ca vous ennuie ? Moi également, et encore je reste poli. Pour reprendre une phrase de mon père (mais j’imagine qu’il n’est pas le premier à la prononcer) : « avec le vote utile, il suffit de mettre un poulpe comme candidat et l’étiquette PS lui permet d’être élu ». Bon, je sais, ça marche pas à chaque fois, souvenons-nous de 2007… Justement en parlant de poulpe, il s’agit du troisième élément indiquant que nous sommes dans une nouvelle séquence. Je fais durer le suspense, vous avez vu ? En fait, je veux parler de Ségolène Royal et de sa déclaration de candidature aux primaires socialistes. Quoi ? Qu’est-ce que vous me dites ? « Mouai, enfin bon, tout le monde s’en tape de sa déclaration de candidature, sauf le microcosme politico-parisien ». Certes, tout le monde s’en tamponne… Oui, mais…. Mais parce qu’elle prend de court tous les caciques socialistes, de la première secrétaire à « l’affameur des peuples » en passant par le porte-parole du PS, tout le magma socialiste va se mettre en mouvement. Ça y est, les primaires ont commencé ! Ahhhhh, je sens que ça va être long…

Bref résumons : la fin de l’affrontement entre le peuple et le gouvernement, un remaniement qui ne remanie rien mais qui organise le camp de notre adversaire, et enfin le commencement de la stratégie choisie par le PS pour battre Sarkozy à savoir les primaires. Vous comprenez pourquoi je parle de nouvelle séquence politique ?

Donc ça y est, tout le monde est sur la ligne de départ… et NOUS ? Oui, nous, le Front de Gauche, l’Autre Gauche, où en sommes-nous ? Car je veux vous rassurer, je ne suis toujours pas emballé par Royal. Au contraire, c’est parce qu’EUX s’organisent, que NOUS devons le faire. Alors parlons-en.

Nous ne partons pas de rien, loin de là. L’attelage Front de Gauche est un commencement de recomposition de la gauche qui a déjà fait ses preuves et gagné ses galons. Nous avons su réunir le PCF, le Parti de Gauche et une partie des trotskystes réunis à la GU. Maintenant, il faut aller plus loin. Tout d’abord, accepter sans tarder la FASE et le MPEP qui ont demandé à adhérer au Front de Gauche. Il ne doit y avoir aucune exclusive tant que l’on partage la même démarche politique, ce qui est le cas pour ces deux organisations. C’est pourquoi les déclarations de Pierre Laurent sont un peu inquiétantes. Interrogé sur la demande d’adhésion au Front de Gauche de la FASE et du MPEP, le secrétaire général du PCF répond : “Le but n’est pas d’élargir le Front à un cartel de partis, mais de créer un véritable espoir à gauche, une dynamique populaire”. On voit bien le sens caché de cette phrase… Bien sûr qu’il faut une dynamique populaire, et que le but n’est pas de faire un cartel de partis. Et ceci étant dit, c’est plutôt surprenant d’entendre cela après que le PCF ait refusé la proposition du Parti de Gauche de pouvoir adhérer directement au Front de Gauche sans avoir besoin d’être adhérent d’un de ses partis constitutifs. Mais la dynamique populaire en question ne sera possible que si l’ensemble des organisations de l’Autre Gauche se retrouvent dans le Front de Gauche, donc pourquoi refuser l’adhésion d’une organisation qui le demande ?

Mes regards se tournent maintenant vers le NPA. Bien sûr, le NPA traverse aujourd’hui une crise dont lui seul est responsable. Et responsable doublement. La première faute a été de construire un parti sans trancher clairement certaines orientations. C’est pourquoi de tous côtés le NPA perd des militants. Prenons l’exemple de l’histoire des régionales où le NPA a mis en avant une candidate portant le voile (et clairement présentée comme musulmane). Il ne s’agit pas ici de refaire le débat, mais ce qui est intéressant à voir, c’est que le résultat de cette histoire est que le NPA a perdu d’un côté les camarades féministes laïques, et de l’autre côté les instigateurs mêmes de cette candidature confessionnelle (voir ici). Le gloubi-boulga incessant dont l’objectif est de rassembler tout le monde sur une ligne floue est inopérant politiquement. Résultat : ni gloubi, ni boulga ne se retrouvent dans le bateau. Rassembler tout le monde grâce au flou de son action et de ses propositions est une chose, créer et organiser un parti creuset en est une autre. La deuxième faute a été bien sûr le refus de s’allier avec le Front de Gauche par deux fois ! Mais malgré la crise que le NPA peut connaître, ce parti reste une force essentielle de l’Autre Gauche, et c’est pourquoi il est important de continuer à l’interpeller afin de réussir (enfin!) l’alliance de toute l’Autre Gauche, seule à même de passer devant le PS pour battre la droite, et la battre durablement ! Leur congrès de Février devra être le moment pour eux de se pencher une nouvelle fois sur cette question. A ce moment-là, si le NPA préfère l’isolement aux dépends de l’unité, chacun des militants unitaires devra se poser la question de son engagement personnel. On ne peut pas dire que le monde traverse la plus grande crise capitalistique depuis 1929, que les spéculateurs font tomber à genoux tous les Etats, les uns après les autres, et que les marchés financiers font pression contre les acquis sociaux des travailleurs et dans le même temps poursuivre son petit chemin de militant attaché à son parti, quoiqu’il fasse. Sortir d’un parti, c’est difficile, j’en ai fait moi-même l’expérience. Mais l’histoire ne repasse jamais deux fois…

Enfin, on ne peut parler de notre stratégie pour 2012 sans parler de notre candidat. Dans ce paragraphe, je me place dans l’hypothèse (malheureuse!) où il s’agira d’une candidature du Front de Gauche, et que le NPA aura de son côté son candidat. Deux questions doivent être réglées, le nom du militant ou de la militante chargée de porter notre parole commune à l’élection présidentielle, et la date à laquelle notre candidat-e sera désigné-e. Mon idée est très simple. Pour la date, le plus tôt est le mieux. Déjà, les médias arrêteraient d’essayer de nous diviser. Ensuite, nous mêmes serions davantage en campagne collective une fois notre candidat-e connu-e. Mais surtout, et c’est pourquoi j’en ai parlé plus haut, plus tôt sera connu notre candidat-e, et mieux nous traverserons la période des primaires socialistes. Car lorsque le PS organise des primaires, c’est seulement pour écraser médiatiquement et politiquement les forces qui n’en feraient pas partie, comme par exemple le Front de Gauche. Ces primaires sont une nouveauté en France, mais les exemples américains et italiens nous montrent combien ces primaires permettent d’accentuer encore plus le bipartisme. Vous l’aurez donc compris, plus tôt on aura désigné notre candidat-e, mieux ce sera pour nous. C’est pourquoi le Parti de Gauche milite pour une décision dès Janvier prochain, bien que dans le même temps le PCF repousse cela au Printemps… Pour la personne ensuite, c’est là où la question se tend. Tout d’abord, évitons toutes les fadaises qui disent que « le nom n’est pas important, seul compte le programme, et blablabla, et blablabla ». Affirmons le tout de suite : oui le programme est essentiel car seul un véritable programme de rupture sera en capacité d’emporter la société vers un destin collectif, mais la personne qui portera ce programme est également très importante. On peut en être content, le regretter, parfois faire semblant de l’oublier, mais on ne peut le nier : les idées s’incarnent dans des êtres de chair et de sang. Et davantage encore sous le régime de la Vème République et de l’élection du monarque présidentiel. Alors on peut toujours dire, comme certains le font, que nous ne devons pas rentrer dans le jeu du régime, et que donc ce qui compte ce sont nos candidats aux législatives, qu’il faut choisir de bons camarades reconnus localement etc… Mais il s’agit toujours de blabla. S’il faudra mener durement la bataille des législatives, force est de reconnaître que son résultat dépendra à 90% du résultat des présidentielles, qui reste donc la mère des batailles politiques et électorales. Il nous faut donc choisir un candidat en réfléchissant vraiment à nos objectifs. Or notre objectif est de changer la donne à gauche, pour pouvoir battre durablement la droite. Pour ce faire, il nous faut faire le meilleur résultat, avoir en tête d’être les premiers à gauche, ou du moins passer la barre des 10 %. Et bah la voilà notre solution. Le seul critère qui vaille pour choisir notre candidat-e est le suivant : sera candidate pour le Front de Gauche la personne la plus à même de faire le meilleur score. Point barre. Si au moment T, c’est celui-là alors choisissons-le, et si au moment T+1 c’est celle-là, choisissons-la. Aucun autre argument ne peut rentrer en ligne de compte car sinon il s’agirait d’une exclusive qui ne doit pas avoir cours dans notre coalition. C’est pourquoi je me reconnais dans les propos de Patrice Cohen-Séat, dirigeant communiste :

« Cessons de faire de cette question le centre de tout et ne freinons pas des quatre fers la dynamique unitaire par peur que ce soit Mélenchon. Acceptons un critère de choix simple : la capacité à faire le meilleur résultat pour donner le plus d’impact possible à cet espoir populaire de changement. Et – soit dit en passant – reconnaissons que les sondages, le moment venu, nous donneront des indications utiles sur la question. Ça désignerait aujourd’hui Mélenchon? Surement. Et si c’est encore comme ça dans quelques mois, et bien ce sera lui. Et j’espère pour nous, pour notre image et notre influence, que nous ne le déciderions pas, dans cette hypothèse, la mort dans l’âme et en traînant les pieds, mais avec enthousiasme pour gagner. »

On connaît les qualités nécessaires à cette tâche politique : connu du grand nombre, à l’aise oralement, bon débatteur dans les médias, tribun dans les meetings, porteur d’un message collectif et qui n’hésite pas à rendre les coups reçus. Vous en voyez un à l’heure d’aujourd’hui ? Moi aussi… Peut-être que ce ne sera plus le cas au moment T+1, ou peut-être pas…

Bref, il nous faut rapidement élargir le Front de Gauche, travailler sur le programme partagé et désigner notre candidat. Viendra ensuite le temps de la campagne proprement dite où il nous faudra convaincre un bloc social majoritaire. Je reviendrai sur chacun de ces éléments dans les notes à venir, qui seront plus précises que celle-là, dont l’objectif était simplement de rappeler le cadre dans lequel notre action va s’inscrire dans les mois prochains.

Ca fait quelques mois que j’envisage d’ouvrir un blog. J’hésitais, je tergiversais. Ouvrir un blog, ça signifie une tâche politique en plus, des heures en moins pour se reposer. Mais c’est aussi un moyen extraordinaire pour diffuser son raisonnement politique et contourner le mur médiatique. Hier encore, je n’avais pas prévu de faire ma première note, mais l’actualité m’y a obligé. Si vous lisez ces lignes, ça veut dire que j’ai réussi à créer un blog et à mettre cette note en ligne (et tous mes proches savent que ce n’était pas une mince affaire pour moi) !

Bref, si je me sens obligé d’écrire aujourd’hui, c’est pour me défendre. Je vous vois déjà « mais quand-as-tu été attaqué ? ». C’était hier, par un futur commentateur de foot sur Canal +, c’est dire ! Vous avez maintenant compris que je parle de Daniel Cohn-Bendit. « Ah bon, il t’a attaqué toi Sacha Tognolli ? ». Parfaitement ! Et tous les autres militants du PG, nos sympathisants, et les centaines de milliers de citoyens qui se tournent vers nous en ce moment ! Dans cette note, je défends mon camarade Jean-Luc Mélenchon, non par admiration, ni même par amitié et encore moins par culte du chef comme certains trolls aiment à dire. Tout simplement parce que les propos de DCB ne visent pas (simplement) une personne, mais bien un projet politique : celui de rendre le pouvoir à notre souverain, le peuple ! Quand j’ai pris connaissance des propos de celui qui est contre la retraite à 60 ans, ça m’a fait l’effet de la Madeleine de Proust. Je suis revenu cinq ans en arrière. En 2005, pendant la campagne contre le Traité Constitutionnel Européen. Nous y reviendrons dans quelques lignes.

Qu’a donc dit notre futur Thierry Roland ?  Eh bien, cet individu nous a craché au visage en disant sur RTL : « Je le dis franchement, Jean-Luc Mélenchon, quand on voit son livre, ce qu’il dit sur l’Allemagne, quand il parle de la grande France, ce qu’il dit sur les Boches, c’est insoutenable, intolérable » L’eurodéputé d’Europe Ecologie va jusqu’à estimer que le Président du parti de Gauche tient un discours qui « va même labourer sur les terres du Front National ».

Je reprends, en réponse, un communiqué du parti de Gauche. « Daniel Cohn Bendit ment : c’est lui comme hier son frère Gaby dans le journal libération, qui utilise le terme de « boche », ce qui est absolument inadmissible, et non Jean-Luc Mélenchon dans son livre. En effet, ce dernier, après avoir souligné le fait que l’Allemagne défend aujourd’hui ses intérêts nationaux davantage que dans l’après-guerre, ce que nul commentateur un peu sérieux ne peut contester, ajoute « construire des relations avec les Allemands, c’est un devoir permanent de notre pays. Et chacun doit s’y atteler à la place qu’il occupe ». C’est ce qu’a d’ailleurs fait le Parti de Gauche dès sa création en revendiquant le parrainage de Die Linke dans une vision internationaliste de ma coopération entre les peuples. »

Mélenchon et Lafontaine, dirigeant de Die Linke, devant un tableau représentant deux soldats français et allemand s'entraidant.

Voilà qui suffit à réduire à néant les accusations répugnantes des frères Cohn-Bendit.

Ce n’est pas le premier à s’attaquer à nous de la sorte. Mais je crois qu’il détient la palme du caractère nauséabond. Déjà Jean-Paul Huchon, Président socialiste du Conseil Régional d’Ile-de-France, avait déclaré à propos de Jean-Luc Mélenchon : « Son langage est proche de celui de l’extrême droite, mais c’est plus grave que Le Pen ! Il incarne le populisme d’extrême gauche ». Vous l’avez entendu, demain, si le deuxième tour des présidentielles se jouait entre Mélenchon et Le Pen, ce baron socialiste choisirait Le Pen. Vous voilà prévenus !

Chemin faisant, ces deux sinistres personnages, par leurs attaques, banalisent le discours du Front National. Mais leur objectif politique, c’est de disqualifier un homme qui incarne (avec d’autres) un projet politique : la Révolution Citoyenne.

Le but est donc de disqualifier, de nous disqualifier. On aura décidément droit à tout : le vote utile, le soi-disant retour du PS sur un programme clairement ancré à gauche (quelle blague !), l’écologie ni de droite ni de gauche (mais tellement en phase avec le capitalisme productiviste), et maintenant le parallélisme avec Le Pen et le fascisme. C’est en quelque sorte le point Godwin, comme l’explique notre camarade Corinne Morel Darleux sur son blog. Et puis, il y a tous ceux qui s’indignent du soi-disant « populisme » de Jean-Luc Mélenchon.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que derrière l’accusation de populisme dans la bouche de nos oligarques, on organise un véritable procès contre le peuple. En fait, derrière l’accusation de populisme, il y a la haire du peuple. Notre camarade philosophe Benoît Schneckenburger l’exprime mieux que moi : « l’accusation de populisme masque l’idée que l’appel à une forme plus directe ou plus impliquée du peuple reste fondamentalement illégitime, car le peuple serait comme par nature incapable de se gouverner lui-même ». Donc quand on s’attaque au « populisme » de Jean-Luc Mélenchon, on s’attaque au concept de Révolution Citoyenne comme les peuples d’Amérique du Sud nous l’ont enseigné.

Vous remarquerez que ceux qui attaquent Jean-Luc de la sorte, sont les mêmes qui ont défendu le « Oui » à la Constitution Européenne, et déjà avec les mêmes méthodes. Déjà à l’époque, les partisans du « Non » de gauche (majoritaire !) étaient repeints en « xénophobes », en « nationalistes », en « démagogues » et pour finir en « populistes » (déjà !). J’espère ne pas avoir à faire ici la démonstration de l’inanité de tels propos pour décrire notre campagne en 2005, porteuse d’un message universel, celui de l’intérêt général.

C’est pourquoi les attaques de Cohn-Bendit m’ont immédiatement replongé dans l’atmosphère de la campagne référendaire. Vous vous rappelez ? Quand le peuple avait rejeté massivement le texte proposé qu’on nous a reglissé en douce avec le Traité de Lisbonne, copie conforme du premier texte (dixit l’auteur lui-même du TCE, Valérie Giscard d’Estaing). Vous ne vous rappelez vraiment pas ? Parce que le peuple avait mal répondu à la question qu’on lui avait posé (et pourtant tous les moyens avaient été mis en œuvre pour obtenir la « bonne réponse », vous vous rappelez du matraquage médiatique de l’époque), on lui a imposé par la force, sans repasser par le peuple. Rien d’étonnant là dedans de la part de Sarkozy. Mais ce dernier n’aurait pas pu faire cela s’il n’avait pas eu l’appui du PS, dont pourtant la candidate en 2007 avait déclaré passer par référendum pour toute nouvelle consultation sur l’UE. Si les parlementaires PS avaient voté « Non » au congrès de Versailles qui a adoubé la trahison du mandat donné par le peuple, Sarkozy aurait été obligé d’organiser un référendum. Vous saisissez un peu la manière dont ces belles personnes envisagent la démocratie ? C’est pourquoi on pourrait rire, si le sujet n’était pas grave, quand Manuel Valls déclare à propos de Mélenchon : « son langage et son comportement sont dangereux pour la démocratie ». Diantre ! Redonner la parole au peuple, c’est dangereux pour la démocratie. Si c’est Valls qui le dit, ça doit être vrai non ?

Le pire dans toutes ces déclarations, c’est que pratiquement personne n’ait pris la défense de Mélenchon, ni au PS, ni à Europe-Ecologie. Alors même que nous avons demandé une explication à Martine Aubry et à Cécile Duflot. Aucune réponse de la part d’Aubry, trop contente d’essayer de nous mettre la tête sous l’eau pour des intérêts boutiquiers. Et Duflot ? Cette dernière aura comme réponse sur Twitter alors qu’un internaute l’interrogeait « Peux pas dire en 140 caractères ». Désolant… Pour être plus précis, le seul finalement à avoir un peu d’honneur dans cette histoire, c’est Jean-Vincent Placé, secrétaire national adjoint des Verts : « Je pense que Jean-Luc devrait être attentif à être moins populiste dans ses propos » mais « c’est un homme de gauche, c’est un homme sérieux. Il n’est ni raciste ni antisémite, ni à la lisière de l’extrême droite », a déclaré sur LCI Jean-Vincent Placé à propos du leader du Parti de gauche.

 « Je pense plutôt, d’ailleurs, qu’il est dans une orientation stratégique qui ressemble à celle des leaders populistes de gauche en Amérique du Sud, type (Hugo) Chavez, type (Evo) Morales », a-t-il ajouté citant les présidents vénézuélien et bolivien.

 « Je pense d’ailleurs que Dany devrait éviter de trop diviser à gauche aujourd’hui », a-t-il enchaîné. « Il y a des choses qui nous différencient du Parti de gauche, c’est évident » mais, « pour ma part, je préfère de très loin Jean-Luc Mélenchon à Martin Hirsch ».

Bon, au passage, il n’a pu s’empêcher de faire une petite pique contre le « populisme » de Mélenchon… Mais comme on dit, c’est déjà ça.

J’aimerais dire quelques mots à propos de nos camarades du Front de Gauche, en particulier à nos amis communistes. Il se dit dans la presse que vous ne supportez pas le « populisme assumé » de Mélenchon. Vous préféreriez qu’il se qualifie de « populaire ». Croyez bien que ce n’est pas nous qui nous décrivons comme populistes. Je vous entends dire : « Mais Mélenchon l’a dit « Populiste, Moi ? J’assume ! » ». Camarades, nous sommes dans une lutte politique, pas une course tranquille où on peut délivrer notre message facilement sur les médias. Face à l’accusation de populiste, Jean-Luc avait deux solutions. La première c’était de baisser la tête, d’intérioriser, de refuser le qualificatif, et par là même de perdre une bataille. Car faire cela ne les aurait pas empêché de continuer à jouer leur petite musique sur le soi-disant populisme de notre dirigeant, mais en même temps, cela aurait rendu inaudible tout message politique porté par Jean-Luc. La deuxième solution, et c’est ce qu’il a fait, c’était de les prendre au mot, de tenir la tranchée, d’assumer, et par là même de les amener à définir ce qu’ils appelaient par populisme, et donc de montrer leur haine du peuple. Alors quand quelqu’un pense nous disqualifier en nous attaquant de la sorte, reprenons la définition donnée par le Larousse : « populisme : attitude politique consistant à se réclamer du peuple, de ses aspirations profondes, de sa défense contre les divers torts qui lui sont faits ». Si c’est cela être populiste, alors je veux bien assumer.

Je le redis, nous sommes dans une lutte politique. Nous ne gagnerons pas si nous nous arrêtons dès le premier coup contre nous. S’engager en politique, en particulier dans notre camp, c’est se préparer à prendre tous les jours des coups, et de les rendre. « Coup pour coup » dirait Jean-Luc ! Alors, chers amis communistes, je sais comment sont les médias, j’imagine qu’ils vous ont assailli longuement pour obtenir de vous cette critique à l’encontre de Mélenchon. Mais aujourd’hui que certains, comme Cohn-Bendit et Huchon, nous crachent dessus, prenez également votre part de la lutte en nous défendant. Car en défendant un des animateurs du Front de Gauche, c’est le Front de Gauche lui-même que vous défendrez, et donc le peuple tout entier.

Bref, je vais en finir avec cette première note. Vous avez maintenant compris que les attaques portées contre Jean-Luc Mélenchon s’adressent à nous tous, nous qui pensons qu’en toute circonstance, notre souverain, c’est le peuple. C’est pourquoi il est nécessaire de s’élever contre cette pratique et ce raisonnement. Nous représentons le peuple, face à cette oligarchie qui gangrène tous les secteurs de la société (y compris les commentateurs de foot chez Canal +). On peut être en désaccord avec la manière et le contenu de ce que dit Jean-Luc Mélenchon. On peut s’opposer au projet qui est porté par le PG et le Front de Gauche. Mais pour cela, il y a une seule méthode qui vaille, l’argumentation raisonnée. Apparemment certains n’en sont pas capables.

Finalement, mon dernier mot fait référence à Sartre quand il décrivait le salaud comme « celui qui, pour justifier son existence, feint d’ignorer la liberté et la contingence qui le caractérisent en tant qu’homme ». Alors, « Qu’ils s’en aillent tous », cette bande de salauds !